Au vent des berges amères

Elle était un peu lobotomisée.

Elle effectuait toutes les tâches qu'on lui confiait.

Elle ne demandait pas elle ne se posait pas.

Elle n'était pas dérangeante surtout pas.

Elle ne pensait pas il ne fallait pas.

Elle était regardée de part et d'autre comme parfaite.

Elle était le rêve l'idéal de toutes les femmes.

Elle n'espérait pas ce n'était pas son genre.

Elle se contentait car il le fallait.

Elle ne se rebellait pas elle ne le prononçait pas.

Elle était contre l'anarchie.

Elle était comme on lui avait dit.

Elle écrivait ce qu'on lui avait donné.

Elle recopiait ce qu'on lui avait éduqué.

Elle mangeait ce qu'elle devait manger.

Elle était comme les autres une machine à écraser à remonter le temps pour être encore plus parfaite dans la solidité on pouvait effacer ses idées comme un ordinateur qui prendrait un peu trop d'initiatives on lui inculquait les normes à suivre on lui disait qu'il le fallait elle le croyait car elle était une bonne fille une bonne femme une bonne baisable une bonne machine.

Elle se disait révolutionnaire.

Elle disait ce qu'on lui disait de dire.

Elle croyait ce qu'on lui faisait croire.

Elle rêvait et pensait que ça ça et ça feraient avancer.

Elle avait l'opinion personnelle que les autres lui avaient donné.

Elle disait qu'elle se l'était forgée.

Elle mentait car on lui avait dit de mentir.

Elle avait bonne conscience car elle agissait pour le Bien.

Elle faisait des sacrifices pour le Bien.

Elle agissait pour la foi.

Elle disait des autres.

Elle se croyait meilleure mais pas trop.

Elle était modeste.

Elle était comme les autres une machine à regarder les regards extérieurs qui disaient « mens, mens » pour son bonheur pour que les autres aillent mieux pour évidemment que sa conscience soit nourrie il le fallait pour le Bien la foi l'humanité il fallait écraser les autres le reste aucune importance ce n'était pas vraiment des révolutionnaires eux il voulaient changer trop de choses non la révolution doit se faire par un changement bref et lent car même les méchants ont fait des choses biens on ne peut pas tout changer.

Elle se disait heureuse.

Elle devait faire bonne figure.

Elle ne perdait pas la face.

Elle n'était pas déshonorée.

Elle n'était pas déshonorable.

Elle croyait en Dieu.

Elle croyait en la République.

Elle croyait au Bien.

Elle croyait en la Patrie.

Elle croyait en la Machine qui lui avait dit ce qu'elle devait croire.

Elle savait ce qu'il fallait.

Elle savait ce qu'il ne fallait pas.

Elle n'osait pas le dire car vous savez.

Elle était modeste.

Elle était comme les autres une machine à ne pas entendre ne pas écouter elle avait la Machine elle voulait la Machine elle était la Machine elle ne le savait pas.

Elle se disait vivante.

Oeuvre bi-hebdomadaire du dimanche 13 Novembre